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Des fragments, une histoire


> Entrevue avec Laurence Petit, mosaïste travaillant la céramique et le verre
 

MONTRÉAL

 

Laurence Petit — mosaïste spécialisée en mosaïques contemporaines sur mesure. Laurence, merci d'avoir arrêté le temps et d'avoir accepté de te prêter au jeu de l'entrevue Matière à réflexion. Ici, pas de règles, pas de réponses justes. 

Ici, on passe de la confidence au ludique, du savoir au faire… des contrastes à la lumière… À toi de jouer, allons-y! 
 

 

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Article sur Laurence Petit mosaïste photo 1

 

 

Tes matières, la céramique et le verre, pourquoi ?

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé sentir la matière sous mes doigts. Petite, je jouais avec les retailles de tissu de ma mère. Je passais des heures à les toucher, les repasser, les découper et les agencer, mais je n’ai jamais réussi à dompter la machine à coudre! Quand j’ai découvert la mosaïque, des années plus tard, j’ai retrouvé ce même plaisir de manipuler la matière, de la couper pour mieux l’assembler et j’ai rapidement dompté la pince!

J’ai commencé avec de la céramique, mais très vite, j’ai eu envie de mixer les matériaux. J’aime travailler la texture, les reflets, le relief, j’ai donc intégré à ma pratique la pâte de verre, la feuille d’or, le smalti (verre italien) et surtout, ce qui m’inspire le plus, la vaisselle. Sans doute parce qu’elle me rappelle les motifs des tissus de ma maman.

 

Elle évoque quoi, elle t’inspire quoi, quel est ton lien avec elle ?

Elle évoque le plaisir et la liberté de créer. Je travaille de façon très intuitive me laissant guider par la matière et les couleurs. Je joue avec les matériaux pour trouver l’équilibre parfait qui fera scintiller mes mosaïques. Chaque tesselle est minutieusement choisie pour que l’une mette l’autre en valeur, c’est presque une danse.

Dès que je prends mes pinces, je me sens bien, j’aime le son de ma matière qui casse, la satisfaction d’un emboîtement parfait, les couleurs qui s’agencent naturellement… faire de la mosaïque m’apaise, me rassure.
 

 

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Laurence Petit - photo no 5

 

 

Comment expliquerais-tu ton métier à un enfant ?

Je mets ensemble plein de petits morceaux de verre et de vaisselle pour faire un dessin. Ça ressemble à un casse-tête, mais c’est plus cool parce que quand le morceau ne rentre pas comme il faut, je peux le casser pour que ça fonctionne!

 

Peux-tu nous parler du « Club Ketchup » ?

Hahaha!! C’est le nom que j’avais donné à ma première entreprise! En 6e année, armée de mon diplôme de « Gardiens avertis » j’avais créé une garderie. Je m’occupais des enfants de mon quartier de 16 h à 18 h pour permettre aux mamans de préparer leur repas en paix! Le seul but de cette entreprise était de me faire de l’argent pour me payer tous les bonbons que je voulais! Je faisais une fixation sur les jujubes à 5 cents du dépanneur du coin.

Aujourd’hui, les couleurs et la texture de ma matière me donnent souvent l’impression de jouer avec des bonbons à longueur de journée! Pas mal moins dommageable pour les dents!

 

Tu rêves de voir ton travail / ton ouvrage … ?

Dans le métro de Montréal, dans les parcs de mon quartier et partout où la vie m’amènera!
 

 

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Laurence Petit dernière photo de l'article

 

 

Mais au fait, dans ta pratique, que t’inspire l’expression « couleurs locales » ?

J'ai fait une résidence artistique dans une école de mon quartier cette année. Ma motivation première était de laisser ma trace dans mon quartier et de donner l’opportunité aux jeunes de participer à une œuvre d’art public qui rayonnera dans leur communauté. Je crois que cette expression s’accorde avec mon désir de m’approprier mon espace de vie, de participer à l’embellissement de mon quartier et d’impliquer les gens qui se retrouvent dans cet espace afin de bien les représenter à travers mon art.

 

Dans la vie, es-tu plutôt « en faire voir de toutes les couleurs », « rêver en couleurs » ou « annoncer ses couleurs » ?

Définitivement « rêver en couleur »! Je suis une grande rêveuse, plusieurs de mes projets ont débuté par un rêve. Rêver, souhaiter très fort quelque chose me propulse vers mes objectifs et me fait avancer. Je suis de celles qui croient que de nommer nos désirs, de manifester nos rêves, d’en parler et d’être dans l’action aide l’univers à mettre les choses en place pour que ça se passe! Parfois, des projets se pointent alors que je n’avais même pas encore eu le temps de les rêver, c’est le cas de la sculpture que je viens de terminer dans le cadre du symposium Beauce Art.
 

 

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Laurence Petit - photo no 6

 

 

Avec qui aimerais-tu collaborer ?

J’aimerais travailler avec une artiste qui fait du macramé, du tissage ou de la courtepointe, bref qui travaille le textile afin de pousser ma réflexion sur les ressemblances entre les pratiques et voir comment elles peuvent se marier l’une à l’autre.

 

La pièce ou l’expression ?

Mmm… je dirais l’intuition, ce qui se rapproche plus de l’expression, j’imagine. Je fais de la mosaïque parce que ça me fait du bien. Je travaille intuitivement dans le but de transmettre le bonheur à travers mes œuvres.

 

Tu as en tête une escapade … Tu nous fais découvrir quels métiers d’art et dans quelle région ?

> La dalle de verre de Marylène Ménard à Drummondville, au Centre-du-Québec, parce que sa matière a l’air des jujubes géants!

> La poterie de Martine Buczkowski à Saint-Jean-de-Matha, Lanaudière. parce que je bois mon café dans ses tasses chaque matin et ça me rend heureuse!
 

 

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Article sur Laurence Petit mosaïste photo 2

 

 

Et ... La fée des trottoirs dans tout cela ?

Du gros bonheur! Je voyais des artistes à Chicago et à Lyon boucher des nids-de-poule et des trous de trottoir avec de la mosaïque. Ça m’a donné envie d’essayer. Je ne m’attaquerai pas aux nids-de-poule de Montréal, mais j’ai commencé à boucher les trous des trottoirs de mon quartier. C’est un réel plaisir de voir la réaction des passants. C’est aussi une façon d’engager la conversation avec mon voisinage et de faire découvrir mon art.

 

La dernière chose que tu viens d’apprendre ?

Sur un projet qui n’était pas fait pour moi, j’ai appris à me faire confiance et à me retirer plutôt qu’à me brûler à vouloir tout faire. J’ai appris à choisir et à dire non. Pas facile!

 

Boomerang ! À qui lances-tu l'invitation pour notre prochaine entrevue ?

Marylène Ménard pour ses MAGNIFIQUES vitraux en dalle de verre, une technique peu connue ici.

Élyse De Lafontaine, pour sa créativité, sa douceur, sa poésie, son énergie et son rire! Bref, pour l’ensemble de son œuvre!


 

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Laurence Petit - photo no 4
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