Charles Valcourt

Je suis originaire de Val d’Or en Abitibi-Témiscamingue, le 3ième d’une famille de 4 enfants. Dès mon plus jeune âge, l’environnement dans lequel j’ai grandi, c’est à dire la forêt, le bois, la nature, les ciels du nord pleins d’étoiles, bref ce qui m’entourait me faisait vibrer.

Mon père, à une époque travailleur à la Baie James, nous fabriquait des petites maisons suisses en bois pour ranger nos trésors. Ses créations trônaient dans ma chambre comme des trophées et me fascinaient.

Après mes études secondaires marquées par mon professeur d’arts plastique, et désireux d’élargir mes horizons, je quittai la maison pour entreprendre des études en génie civil au CEGEP de Rouyn. Un peu naïf, la description du programme contenait le mot « dessin » et moi qui, d’aussi loin que je me rappelle, avais toujours dessiné, c’était le programme parfait pour moi ! Une fois cette formation terminée, je me sentais un peu à l’étroit en Abitibi ; je m’inscris donc à l’université en Histoire de l’Art, mis tout ce que je possédais dans ma voiture et pris la route, direction Montréal, au grand dam de ma mère. Elle perdait son garçon.

L’UQAM m’a ouvert ses portes et j’ai découvert tous les programmes qui s’offraient à moi. C’est donc en Design de l’environnement, en côtoyant de grands penseurs et théoriciens, ces maîtres de leur discipline que j’allais trouver ma voie. Trois ans plus tard, diplômes en poche, je me retrouvais sur le marché du travail mais j’avais l’impression qu’il me manquait quelque chose de tangible, de concret, un fil conducteur qui relirait tout ce que j’avais appris. Je décidai d’aller chercher une attestation en ébénisterie. Un nouveau diplôme en main et avec des copains motivés, j’ai ouvert mon premier atelier en 1994.

J’ai valsé dans tous les sens entre bâtir des meubles présentoirs pour Ogilvy, pour la Baie, des cuisine haute gamme pour des particuliers, des cabinets pour des dentistes tout en développant une collection de meubles (armoires, commodes, tables d’appoint, chaises et bureaux) vendus dans 3 magasins de meubles québécois.

C’est ma rencontre avec Dominique en 1998, qui allait devenir ma muse, que tout a basculé ; je participais à un vernissage privé et je manquais d’éclairage. Je lui emprunte une de ses lampes torchère à l’abat-jour en verre en lui promettant de lui faire attention. Ce qui devait arriver arriva, je cassai l’abat-jour. À cette époque, je travaillais beaucoup avec du placage de bois aux essences variés, alors je décidai d’utiliser cette matière pour lui confectionner un nouvel abat-jour. Et c’est à ce moment que le miracle s’est produit ; la lumière passait à travers le placage et révélait l’essence du bois ! L’effet était magnifique. C’est donc grâce à un accident, que ma nouvelle collection de lampe Luz Exotica est née. Cette collection a été une véritable rampe de lancement ; elle m’a fait connaître et m’a permis de bâtir ma notoriété. Au fil des ans, j’ai créé de nouveaux modèles et des pièces uniques en utilisant toujours le placage de bois pour l’abat-jour.

Je suis un artisan dans tout ce que ce terme englobe. De la conception à l’exécution. C’est un mode vie ! Et nous sommes une poignée dans ce monde hyper technologique à en vivre.
C’est en 1999 que le Conseil des Métiers d’art du Québec m’accepte comme membre officiel dans ma discipline, l’ébénisterie. Cette collection de lampes m’a permise de participer à plusieurs événements expo-vente. Ma fascination pour la marqueterie, apprise à l’école d’ébénisterie, combinée à ma volonté de toujours me renouveler, m’a amené à élaborer en 2007 ma nouvelle ligne de produits appelée Les Bois magnétiques. Cette nouvelle collection d’objets multifonctionnels reprend les placages utilisés pour mes lampes. J’utilise aussi du massif pour les plus petits objets. Leurs lignes épurées sont intemporelles. Charmants et très utilitaires, ils vieillissent bien. Lorsque je fais des salons et que les gens sont intrigués par la manière dont les objets tiennent sur les supports ou les tableaux, je leur raconte que j’ai découvert une forêt enchantée ! Que les arbres sont magnétiques et que je pars avec mes lutins choisir les meilleurs arbres. Je vois leurs yeux
briller, l’air incertain, se faire prendre au jeu et on en rit ! Ce contact humain n’a pas d’égal.
Ma technique de travail n’est pas approuvée par aucune école ! Je ne dessine pas et ne prends pas de note ; tout est dans ma tête. C’est mon disque dur ! Je privilégie toujours des objets utiles et pratiques pour qu’ils fassent parti du quotidien. Je visualise toutes les étapes et lorsque je commence l’exécution d’un objet, tout se met en place naturellement. Mes matériaux sont écologiques .

À l’aire des réseaux sociaux supposés nous garder en contact et les achats en ligne instantanés fabriqués par on ne sait qui et dans quelles conditions, je fais parti des résistants qui favorise le contact humain et c’est pourquoi je favorise les événements d’artiste et les salons d’artisans. Rien ne peut égaler l’émotion qu’un artisan voit dans les yeux des gens qui découvrent ses créations. Ces gens prennent la peine de se déplacer pour venir nous rencontrer et cela me bouleverse, me comble et m’encourage à continuer. Mais c’est aussi l’amour et les encouragements de Dominique, qui partage ma vie depuis déjà vingt ans, qui me donne le goût de continuer et de me surpasser.

Charles Valcourt
514 994 7000
charlesvalcourt@gmail.com
charlesvalcourt.com

bio courte
Artisan ébéniste, Charles Valcourt travaille depuis 25 ans à faire éclater le quotidien. Reconnu par ses pairs depuis 1999, il a reçu plusieurs prix et bourses entre 1992 et 2009. Il conçoit et fabrique des meubles et des objets au design exclusif pour usage résidentiel et commercial. Il se spécialise dans la conception de produits utilisant des placages de bois précieux, exotiques et locaux. Sa nouvelle création : le tableau rangement magnétique, de fine ébénisterie, est à la fois beau et ingénieux. Il se démarque par la pureté de la ligne et la réduction des matériaux utilisés.